Ou.
Le monde ne connaît pas le repos. J'entends le monde temporel ne connait pas le repos temporel. Ce monde le monde ne connaît pas le mouvement du monde. Le monde ne se repose point, ne peut pas se reposer de vivre, d'être, d'être dans le monde, il ne peut aucunement se reposer de vivre le monde. C'est dire qu'il ne peut aucunement se reposer de vieillir et de s'user, il ne peut littéralement se reposer de fatiguer.
La création ne connaît pas le repos. Elle ne connaît pas le repos du mouvement de la création. La création ne se repose point, ne peut pas se reposer de vivre, d'être, d'être la création, elle ne peut aucunement se reposer de vivre la création. C'est dire qu'elle ne peut aucunement se reposer de vieillir et de s'user, elle ne peut littéralement aucunement se reposer de se fatiguer. Ainsi littéralement elle ne peut s'empêcher, elle ne peut aucunement, elle ne peut absolument pas s'arrêter; se reposer de rouler vers les destinées éternelles. Son mouvement est éternel, temporellement éternel, non pas seulement en ce sens qu'il ne s'arrête jamais et qu'il
NUMÉRO
ZÉRO
Au contraire, lorsqu'on écrit zéro, puis un, on dessine un intervalle qui peut être divisé à l'infini. Aller de zéro à un peut demander un temps illimité. Entre l'intention zéro et une première intention, il y a une durée dans laquelle cette intention s'élabore. Cette durée est complexe parce qu'elle est considérée comme non productive. L'éduaction, le travail, les modes de vie et la technique tendent à annuler cette durée. Le temps qui précède l'intention est intériorisé comme étant sans valeur. Pourtant lorsqu'aucune intention (...) quelquechose du sujet s'absente.
Cependant tout conspire dans l'univers conspire à vous arrêter dans votre marche vers le zéro absolu. Cela tient à ce que chaque objet doté d'énergie se déplace, et émet de la lumière.
La tour en feu
Un film de Ouahib Mortada
Quartier d’Arenc. Les docks des sud. Marseille, Avril 2017
La ligne du nouveau tram Marseillais s’arrête là pour cueillir les visiteurs qui arrivent par les quais de débarquements du port autonome.
Voilà dix-sept ans que J’habite un ancien immeuble, un bâtiment de six étages sur toute la ligne, édifié en 1938. Entre deux guerres mondiales, à cette époque la cité phocéenne et ses habitants souffraient d’une pénurie d’eau potable sans précédent. La ville de Marseille construisait ses logements pour loger ses fonctionnaires dans un cadre élégant et leur offrait le privilège d’une salle de bain à tous les étages. Plus tard ces logements ont été équipés d’ascenseurs, ils sont aujourd’hui répertoriés et en cours d’une opération de reclassement en logements sociaux.
Les fenêtres de mon studio d’une pièce cuisine ouvre le champ sur un décor futuriste. Une tour monumentale nommée GTM (la grande tour de Marseille) exubérante et entièrement enrobée de verre fumé anthracite. Elle trône depuis l’année 2013 dans le paysage portuaire juste en face de mon petit balcon. La vue sur mer qui me faisait rêver s’est rétrécie. Une deuxième Tour (la tour nouvelle) revêtue de plaques métalliques peintes en bleu blanc rouge est en cour d’être finie. D’autres encore naîtrons dans les années à venir d’ici l’aube 2035. D’ici là, D’autres balcons pour de nouveaux arrivants s’implanteront comme un rideau en façade. Je n’aurais plus de mer en face, simplement un lointain souvenir du sud d’où je suis venu un jour.
Voilà 17 ans déjà que je me suis installé là. Dans ce minuscule appartement j’ai posé mon sac à dos et renoncé à mon rêve canadien. Célibataire endurcis, j’avais encore l’espoir de mes trente glorieuses, je n’avais pas le vertige. Avec la force de mes bras, chaque matin je sautais dans le vide harnaché sur deux cordes, je travaillais dans le bâtiment, j’étais acrobate…
Aujourd’hui, perché sur mon mole je ressasse mes souvenirs. Quinquagénaire, Chômeur, Assis à ce sixième étage sur ce balcon je nourris un septième dernier rêve…
Enquête d'un cinéma
Shipping the future 1;15