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La tour en feu 

Un film de Ouahib Mortada

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Quartier d’Arenc. Les docks des sud. Marseille, Avril 2017

La ligne du nouveau tram Marseillais s’arrête là pour cueillir les visiteurs qui arrivent par les quais de débarquements du port autonome.

Voilà dix-sept ans que J’habite un ancien immeuble, un bâtiment de six étages sur toute la ligne, édifié en 1938. Entre deux guerres mondiales, à cette époque la cité phocéenne et ses habitants souffraient d’une pénurie d’eau potable sans précédent. La ville de Marseille construisait ses logements pour loger ses fonctionnaires dans un cadre élégant et leur offrait le privilège d’une salle de bain à tous les étages. Plus tard ces logements ont été équipés d’ascenseurs, ils sont aujourd’hui répertoriés et en cours d’une opération de reclassement en logements sociaux.

Les fenêtres de mon studio d’une pièce cuisine ouvre le champ sur un décor futuriste. Une tour monumentale nommée GTM (la grande tour de Marseille) exubérante et entièrement enrobée de verre fumé anthracite. Elle trône depuis l’année 2013 dans le paysage portuaire juste en face de mon petit balcon. La vue sur mer qui me faisait rêver s’est rétrécie. Une deuxième Tour (la tour nouvelle) revêtue de plaques métalliques peintes en bleu blanc rouge est en cour d’être finie. D’autres encore naîtrons dans les années à venir d’ici l’aube 2035. D’ici là, D’autres balcons pour de nouveaux arrivants s’implanteront comme un rideau en façade. Je n’aurais plus de mer en face, simplement un lointain souvenir du sud d’où je suis venu un jour.

Voilà 17 ans déjà que je me suis installé là. Dans ce minuscule appartement j’ai posé mon sac à dos et renoncé à mon rêve canadien. Célibataire endurcis, j’avais encore l’espoir de mes trente glorieuses, je n’avais pas le vertige. Avec la force de mes bras, chaque matin je sautais dans le vide harnaché sur deux cordes, je travaillais dans le bâtiment, j’étais acrobate…

Aujourd’hui, perché sur mon mole je ressasse mes souvenirs. Quinquagénaire, Chômeur, Assis à ce sixième étage sur ce balcon je nourris un septième dernier rêve…

Enquête d'un cinéma

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